"Augustin, roi du kung-fu" d'Anne Fontaine (1999)

Un conte empreint de réalisme et de féerie.

Acteur raté, Augustin rêve de devenir grand maître de kung-fu et d'incarner un jour ce rôle au cinéma. Il répète maladroitement la gestuelle des initiés, quand un maître zen lui apparaît en songe, l'invitant à "renoncer à tout ce qui l'entoure", à "partir loin", "là où les hommes ont inventé le kung-fu". Augustin décide alors de s'installer… dans le quartier asiatique du 13e arrondissement de Paris. Il s'immerge dans l'univers des expatriés et rencontre un vendeur de bibelots asiatiques, un professeur de français et une acupunctrice qui tente de le guérir de ses inhibitions, dont il ne tarde pas à tomber amoureux...

Prince de l'imaginaire
Avec son premier Augustin, en 1995, Anne Fontaine brossait le portrait d'un type maladroit et efflanqué dont le caractère burlesque était un enchantement. Dans Augustin, roi du kung-fu, le personnage, toujours interprété par Jean-Chrétien Sibertin-Blanc, semble se réveiller de sa torpeur, mû par le désir d'atteindre des sommets. Inconscient de ses limites, il se croit capable de vivre selon les principes de la sagesse orientale et de devenir un grand prince du kung-fu, à l'image de ses acteurs préférés. Son entourage accueille ses incongruités sans broncher, notamment Darry Cowl, prodigieux dans son rôle de vendeur de camelote volubile, et Maggie Cheung, toute en intériorité, gagnée par un trouble qui la rend aussi décalée que son curieux patient. Anne Fontaine propose une fable où l'imaginaire glisse imperceptiblement vers le réel, tout comme son antihéros prend progressivement figure de héros véritable.