"Crèches, razzia sur les bébés" de Coraline Salvoch et Alain Pirot (2025)
"Crèches, razzia sur les bébés" de Coraline Salvoch et Alain Pirot (2025)
Témoignages d’anciens employés sur l’envers du décor de ces garderies, qui suivent dorénavant une logique de rentabilité. En France, en Allemagne et au Royaume-Uni, ce secteur se privatise, paradoxalement grâce à des subventions publiques massives. Mais où atterrissent ces fonds publics ?
Épisode 1 - La face cachée des crèches privées
Depuis l’ouverture des crèches au secteur privé, au début des années 2000, la petite enfance fait l’objet d’un juteux business pour ses acteurs voraces. Alors que les scandales de maltraitance et de détournement d'argent public se multiplient, enquête sur les dérives d'une dérégulation, qui a transformé les bébés en machines à cash.
Lyon, juin 2022. L’employée d’une crèche privée de l’entreprise People&Baby fait avaler une dose de Destop à une petite fille de 11 mois pour qu’elle cesse de pleurer. Le décès du bébé suscite une émotion d’autant plus forte que la salariée n’avait aucune qualification. Folie individuelle ou défaillance systémique ? Depuis qu’en 2004 l’Union européenne a ouvert à la concurrence un secteur dont des États surendettés estimaient ne plus avoir les moyens d’assumer le fonctionnement, la petite enfance est devenue un business prospère, avec ses start-up et ses leaders du marché, ses petites mains et ses grands décideurs richissimes. Quatre entreprises ont connu une expansion foudroyante : Babilou, Les Petits Chaperons rouges, La Maison bleue et People&Baby. Le secteur privé ouvre ainsi 80% des nouvelles places en crèche et exporte son modèle chez nos voisins allemands ou belges. Mais derrière la communication doucereuse, la réalité se révèle moins rose. Scandales et fermetures soudaines se multiplient, certains employés n’hésitant plus à dévoiler des dessous peu reluisants du système. Pour booster leurs profits, ces sociétés n’hésitent pas à réaliser des économies d'échelle sur la nourriture, les couches, le personnel en sous-effectif, la sécurité et la qualité du service. Derrière ce mépris pour les enfants et leurs parents, où passe l’argent des généreuses subventions publiques censées les aider à s’installer ?